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Repenser la subalternité autochtone aux Etats-Unis au prisme des résurgences territoriales
Sandrine Baudry  1, *@  , Céline Planchou * @
1 : Université de Strasbourg
Université de Strasbourg, CNRS
* : Auteur correspondant

Si la notion de « subalterne » semble à première vue définir parfaitement la position des Amérindiens dans la société états-unienne contemporaine – peuples colonisés, populations dominées socialement, économiquement, politiquement, corps violentés – elle mérite largement d'être précisée, voire déconstruite, à la lumière des réalités vécues. Notre projet de recherche à long terme nous a d'ailleurs poussées à nous interroger sur nos propres biais de membres de la classe blanche dominante qui nous ont par exemple initialement menées à accepter implicitement la territorialité coloniale comme un fait, et la territorialité autochtone comme une forme de transgression. C'est le travail de terrain sur un territoire précis qui nous a permis de remettre en cause cette approche et de replacer le point de vue de ces « subalternes » au centre de notre réflexion.

Nous proposons pour cette intervention d'explorer les stratégies politiques et les pratiques « banales » de résistance au projet colonial d'invisibilisation du fait autochtone autour de la ville de Rapid City, dans le Dakota du Sud. Sans nier la marginalisation sociale, économique, politique et géographique des Autochtones, et ici en particulier des Lakotas, nous verrons émerger des discours et des pratiques qui remettent en cause l'ordre colonial par exemple en proposant un récit historique contre-hégémonique, en adoptant une approche territorialisée de l'éducation sur leur culture et leur histoire ou en redonnant corps, à travers notamment des réseaux artistiques, à la Grande Réserve Sioux (territoire sur lequel Rapid City fut illégalement établie en 1876 et qui fut par la suite éclaté pour ouvrir le passage à la colonisation) et, au-delà, à une territorialité qui précède la mise en place des réserves, ces constructions éminemment coloniales.

Ce prisme des résurgences territoriales est particulièrement pertinent dans l'étude des mobilisations autochtones. En effet, un des éléments saillants de la domination de ces peuples est l'accaparement des terres et leur mise au service du projet colonial, accompagnés d'une réécriture cartographique et toponymique qui semble entériner ledit projet. Or, il apparaît que ce qui caractérise justement les points de résistance, ou zones de frottement, au sein de cette entreprise d'effacement est la persistance d'une territorialité proprement lakota incarnée dans les projets cités plus haut.


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