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Problématiser le développement depuis les territoires: les consultations propres et l'exercice des droits chez les Kichwa et Waorani du Yasuní (Amazonie équatorienne)
Sofia Cevallos  1, 2@  
1 : Universidade de Brasilia [Brasília]  (UnB)  -  Site web
Campus Universitário Darcy Ribeiro, Brasília - DF, 70910-900 -  Brésil
2 : Laboratoire Dynamiques Sociales et Recomposition des Espaces  (LADYSS)  -  Site web
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : UMR7533, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis : UMR7533, Université Paris Nanterre : UMR7533, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7533, Université de Paris : UMR7533
Université Paris Ouest Nanterre La Défense Bâtiment T 200 avenue de la République 92001 Nanterre cedex -  France

Cette intervention s'appuiera sur l'expérience du travail de terrain effectué entre 2013 et 2016, au cours duquel j'ai eu l'occasion d'accompagner les processus d'organisation des communautés autochtones Kichwa et Waorani du nord-est du parc Yasuní (Amazonie équatorienne), face à l'intensification des activités pétrolières sur leurs territoires. Depuis 2008, ces deux peuples assistent à une transformation radicale du discours étatique concernant la reconnaissance des droits des peuples autochtones et la volonté de réduire l'économie d'extraction pour faire place à un modèle « post-extractiviste » et de « post- développement ». Du côté de l'État équatorien, les intérêts pour le pétrole dépassent le cadre légal et les principes du Sumak Kawsay ou Buen Vivir promulgués dans la Constitution équatorienne, pour inciter des dynamiques clientélistes et paternalistes afin d'avancer l'exploitation du sol sans le consentement communautaire. De leur côté, les peuples kichwa et waorani du Yasuní renouvellent leurs stratégies d'organisation et, à travers la réalisation des « consultas propias » -consultations propres-, questionnent le modèle de développement de l'État et défendent leur droit de décider librement de l'avenir de leurs territoires. Effectuées dans le cadre des assemblées communautaires, ces consultations constituent pour les communautés du Yasuní, l'espace privilégié de prise de décisions collectives, d'expression de leurs perspectives et une opportunité pour rétablir le lien communautaire affecté par les interactions avec l'État et les entreprises pétrolières. Compte tenu du contexte équatorien d'inscription de la Plurinationalité, de l'Interculturalité, des Droits de la Nature et du Sumak Kawsay dans la Constitution politique (2008), cette intervention aura deux objectifs principaux: 1. indiquer l'impact des réformes constitutionnelles dans le domaine des droits territoriaux des peuples autochtones et les possibilités et limites de l'application de ces réformes dans des contextes extractifs; et 2. aborder la manière dont les communautés Kichwa et Waorani du Yasuní se sont appropriées le discours des droits qui les concernent comme outils « contra-hégémoniques » pour dénoncer la violence et la marginalisation subies par les peuples autochtones et pour déstabiliser le discours officiel du développement, des droits et de la protection de l'environnement, compris depuis la logique du marché et du capital transnational. Face à la possibilité que l'inscription du Sumak Kawsay dans le cadre juridique national devienne une nouvelle forme de contrôle et de effacement des luttes autochtones, -par l'intégration des revendications des peuples dans le domaine du droit positif de l'État-, cette analyse vise à souligner les complexités de la mise en œuvre d'un modèle de développement qui ne prend pas en compte les spécificités socio-politiques et culturelles des peuples amazoniens. 


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