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ARTS VISUELS ET SCÉNIQUES : ÉPISTÉMOLOGIES EN QUESTION

Mercredi 23 septembre de 14h30 à 16h30

Fondation des États-Unis, salle polyvalente

Organisation : Xavier Lemoine (LISAA – Université Gustave Eiffel), Emmanuel Vincenot (LISAA – Université Gustave Eiffel)

Intervenants : Andrea Cabezas Vargas (3L.AM – Université d’Angers), Émeline Jouve (Université Jean-Jaurès), Joaquín Manzi (CRIMIC – Sorbonne Université), David Roche (Université Paul-Valéry)

Présentation : Comment saisir au mieux les objets artistiques qui alimentent la dimension culturelle de la recherche en civilisation dans les Amériques ? Les études culturelles permettent d’aborder ce qui était souvent considéré comme périphérique aux questions sociétales en se concentrant sur des pratiques à la lisière du social et de l’artistique par le biais de manifestations multiples fondées sur la représentation. C’est tout particulièrement la dimension représentationnelle des études culturelles que cette table ronde cherche à explorer à travers le prisme de la scène et des écrans. En effet, de nombreux champs d’études mobilisant ces mediums sont venus bousculer les pratiques et les théories des études culturelles pour mieux mettre en avant la complexité de la recherche aujourd’hui. Ainsi les « performance studies » ou les plus récentes « game studies » ont essaimé du Nord au Sud et remis en cause des compréhensions trop limitées des pratiques scéniques ou des rapports aux écrans grâce à des analyses pluridisciplinaires. Le théâtre a été fréquemment débordé par la mise en lumière d’interventions artistiques brouillant les normes interprétatives, décloisonnant les spectacles et promouvant la circulation des savoirs (performance d’Act Up, esthétique des corps, production d’effets performatifs, etc.)

Si la recherche reste toujours sans doute fondée sur le principe de produire de nouveaux modes d’appréhension et de compréhension du monde, la table ronde interrogera de quelle façon cette « découverte » et ces constructions fonctionnent aujourd’hui. L’effervescence des travaux menés dans les Amériques est notable et la nécessité de croiser les perspectives anglophones, hispanophones et lusophones s’affirme dans un monde certes plus ouvert (ou globalisé, comme on dit couramment), mais aussi souvent déformé par des simplifications qui mènent à l’incompréhension. La fermeture politique dans certains pays en est un indice indéniable, de Bolsonaro à Trump, soulignant peut-être plus encore la gageure des réflexions pluridisciplinaires et l’urgence de maintenir un devenir critique des études culturelles. La contribution des américanistes et les éclairages croisés de leurs méthodologies prennent toute leur importance dans leur capacité à lever des ambiguïtés et enrichir les nuances épistémologiques des discours scientifiques contemporains. La confrontation des pratiques et des savoirs dans les diffé- rentes aires géographiques pourrait stimuler une meilleure prise en compte de la complexité des créations artistiques ainsi que l’imbrication croissante des conditions de produc- tion. Ainsi, les approches transmédiales (particulièrement entre cinéma, séries TV et scène, par exemple dans l’uni- vers culturel des États-Unis) illustrent dans quelle mesure la conceptualisation des arts visuels et scéniques doit être sans cesse reconfigurée dans l’expertise universitaire.

Les invité.e.s à cette table ronde pourront donc débattre des paradigmes théoriques et des actions pratiques autour des champs représentationnels dans la recherche contemporaine des Américanistes. Les expériences partagées des différentes disciplines seront l’occasion d’une confrontation des enjeux et d’une mise en avant des zones de contacts. À titre d’exemple, la Caraïbe offre un espace interstitiel riche qui nourrit des regards multifocaux. Que signifient, par exemple, les expériences à Porto Rico d’artistes qui s’interrogent sur le statut de l’île dans un double contexte postcolonial déterminé par la domination des États-Unis au sein d’une culture hispanique ? Plus globalement, de quelles façons le dialogue et les silences alimentent-ils les enjeux scientifiques des études culturelles entre les pratiques nord-américaine et sud-américaine (par exemple avec le « Hemispheric Institute » de Diana Taylor) ? Toutes ces questions pourront donc être débattues entre les invités qui interviendront chacun à leur tour sur ces théma- tiques et leur domaine de spécialité. Les organisateurs de la table ronde seront les modérateurs, introduisant les intervenants pour ensuite mener une discussion avec la salle.

Avec le soutien du LISAA EA 4120

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