Ateliers > L’institutionnalisation des pratiques festives dans les Amériques

La façon dont les fêtes ont, depuis le dix-neuvième siècle au moins, acquis une dimension performative pour contribuer à créer socialement de la valeur et du sens est aujourd’hui bien documentée dans les Amériques. Du carnaval de Bahia aux dancehalls de Jamaïque, des Lewoz de Guadeloupe au spring break nord-américain en passant par les fêtes nationales des diverses nations américaines, la notion de fête déborde les notions de rite et de cérémonie. Sous l’effet des changements structurels enregistrés par les sociétés latino-américaines, caribéennes et nord-américaines, l’ancienne distinction entre d’une part la reproduction sociale, le symbolique, et d’autre part la consommation, le trivial, la récréation, s’est estompée (Clarke et Critcher, 1985). C’est pourquoi il importe de s’intéresser au travail social de mise en forme de ces fêtes, qui a conduit à leur conférer un sens et une fonction nouveaux.
Dans une perspective comparative à l’échelle continentale, l’objectif de cet atelier est d’identifier les ressorts et les modalités de cette institutionnalisation, qu’ils soient de type artistique, sportif, sécuritaire, politique, marchand ou encore hygiéniste (dans la mesure notamment où la crise actuelle du Covid-19 affecte profondément et sans doute durablement les modalités des rassemblements festifs).


3 aspects principaux seront privilégiés dans cet atelier :
(1) les processus d’institutionnalisation en tant que tels (Di Méo, 2005 ; Lagroye et Offerlé, 2011 ; Picard, 2016), autrement dit une description fine des pratiques de légitimation, de fonctionnalisation, de formalisation et de codification des fêtes dans les Amériques depuis le dix-neuvième siècle ;
(2) les modalités de la socialisation institutionnelle et leurs conséquences chez les organisateurs et les pratiquants quant aux façons d’apprendre et de s’approprier les directives institutionnelles, mais aussi quant au rapport au corps dans la pratique, au rapport à soi et aux autres (Darmon, 2001 ; Faure, 2004 ; Islam, Zyphur et Boje, 2008) ;
(3) la résistance par laquelle des individus ou des groupes entreprennent de défendre une autre forme d’institutionnalisation (Hmed et Laurens, 2010), d’autres buts communs et d’autres objectifs (Queiroz, 1992, Agier, 2009), voire tendent à délégitimer l’institutionnalisation de la fête dans l’espace public, via des mouvements individuels ou collectifs qui vont du contournement, de l’évitement ou de la mise à distance des rôles prescrits à la défection et à l’opposition frontale, en passant par toute la gamme des comportements confinant à la désobéissance et à l’indiscipline (Scott, 1990 ; Cousin, 2018).

 

Vendredi 24 septembre de 9h00 à 11h00

Centre de Colloques, salle 5 

 

Cet atelier est porté par :

- Lionel Arnaud (LaSSP – SciencesPo Toulouse – Université Toulouse 3)

- Aurélie Godet (Université de Nantes)

- Julie Lourau (Universidade Católica do Salvador)

 

Interventions :

Sebastian Olave Soler (CRIMIC – Sorbonne Université) – Carnaval à Barranquilla : les contradictions d’une fête dite populaire

Lis Felix, Germana Felix & Jeremias Pinto (UCSAL) – Políticas culturais em Salvador e o reflexo do racismo estrutural na divisão social do Carnaval : ocupação dos circuitos festivos Dodô, Osmar e Batatinha

Jordie Blanc Ansari (IHEAL CREDA – Université Sorbonne Nouvelle) – Willka kuti : Enjeux politiques et économiques du nouvel an aymara sur le site archéologique de Tiwanaku

Martina Baeza Kruuse & Théo Milin Bervas (ERIMIT – Université Rennes 2) – De nouveaux rituels festifs : l’institutionnalisation comme point de départ (Chili, XXé siècle – temps présent)

Dalila Lehmann-Chine (CRIIA – Université Paris Nanterre) – Entre adhésion et rejet : réflexions autour de l’institutionnalisation de la fête scolaire au Mexique

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