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La Politique du sacré. Vestiges, « lieux sacrés » et néo-autochtonie des migrants mayas q'eqchi' dans les basses-terres du Guatemala (département du Petén)
Romain Denimal  1@  
1 : Centre Enseignement et Recherche en Ethnologie Amérindienne, Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative  (LESC-EREA)  -  Site web
Université Paris Nanterre : UMR7186, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7186, MSH Mondes : UMR7186
Maison René Ginouvès (MSH Mondes), 21 allée de lÚniversité, 92023 NANTERRE -  France

* titre de la thèse en préparation

Mon intervention ne vise pas à partager les résultats d'une recherche aboutie mais propose plutôt de contribuer à la discussion à travers une réflexion à visée programmatique avant, espérons-le, de retourner sur le terrain. L'ambition de cette recherche est de comprendre comment l'appropriation, l'usage et la sacralisation de vestiges peuvent participer à la construction de nouvelles autochtonies. Le cas analysé concerne des groupes mayas q'eqchi' issus d'une migration interne récente liée au conflit armé guatémaltèque ; plus exactement, le terrain choisi se situe dans les basses-terres du nord du Guatemala où, depuis les années 1960, la population s'est vue multipliée par 33. Il s'agit d'interroger et de mesurer les conséquences qu'implique ce processus d'inscription territoriale, parmi lesquelles : la redéfinition du rapport aux ancêtres, la transformation des régimes d'historicité et de temporalité ou encore la reconfiguration des identités collectives. De nombreux sites archéologiques se trouvent aujourd'hui réinvestis non seulement par les Q'eqchi' mais aussi par une minorité de Mayas Mopan – présents depuis plusieurs millénaires – et aussi par des groupes ladinos. Ces sites et les vestiges qu'ils comportent ont été inscrits par l'État sur la liste officielle des « lieux sacrés » (lugares sagrados), tout en devenant des centres cérémoniels majeurs pour les Q'eqchi', régulièrement utilisés à des fins rituelles, communautaires ou individuelles. En outre, ces lieux sont considérés comme des entités « vivantes » par les Q'eqchi', qui les ont intégrés parmi leurs tzuultaq'a (de tzuul « montagne » et taq'a « vallée» ), jusqu'alors confinés à leur région montagneuse d'origine. Interrogeant la politisation du sacré par une approche ethnographique, pragmatique et linguistique, Romain Denimal entend questionner, de façon multiscalaire, la manière dont des conceptions patrimoniales et des pratiques religieuses institutionnalisées au niveau national – voire international – sont réinterprétées localement dans différentes sphères d'action rituelle et politique.


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