Ateliers > Matérialités en mouvement. Agentivité, significations et circulation des objets dans les Amériques

Au cours des dernières décennies, les disciplines anthropologiques ont placé les aspects matériels de la culture au centre de leurs réflexions, afin de comprendre comment, au fil des siècles et sous différentes latitudes, les êtres humains se sont liés entre eux et à l'environnement. Le dénommé material turn et les réflexions sur les concepts de « vie sociale » et « biographie » des objets ont fait apparaître la nécessité d'intégrer les objets, à la fois quotidiens et rituels, dans l'étude des représentations culturelles. Dans le continent américain, les sciences sociales ont développé différentes perspectives de recherche, souvent basées sur une méthode interdisciplinaire, et le débat actuel se concentre sur la recherche d'une nouvelle façon de comprendre les aspects polysémiques de la matérialité grâce auxquels les groupes humains parviennent à donner un sens au monde. Dans ce cadre, l'objectif de cet atelier est d’analyser des études qui explorent comment les différentes sciences humaines (telles que l'archéologie, l'ethnologie ou l'histoire, entre autres) traitent du sujet de la « densité » des objets – à savoir, de la stratification de leurs significations, symboles et valeurs – par rapport à la dimension agentive, comprise à la fois comme agentivité (ou subjectivité) accordée à certains objets et comme agentivité humaine manifestée dans la production, l’usage, le remaniement, bref, dans la relation avec les objets. Seront privilégiés les propositions qui mettent l'accent sur l'état de l’art dans le domaine de la culture et de la matérialité dans différents contextes sociaux du continent américain, encourageant une réflexion méthodologique, historiographique et conceptuelle sur les processus de définition culturelle de l'objectualité (qu’est-ce que devenir objet, pourquoi et pour qui ?) et sa relation avec la subjectivité dans la création de significations socioculturelles. Notamment, seront pris en considération des communications qui analysent cette dialectique entre sujet et objet (objets subjectivés et subjectivités qui se manifestent à travers les objets) dans les dynamiques de la circulation dans le temps et l'espace (de quelle façon les objets du passé s'intègrent-ils dans la modernité ? de quelle façon et pourquoi les groupes humains s’appropriés des objets appartenant à d'autres contextes socioculturels ? comment comprendre ces processus de interaction et (ré)appropriation ?), se référant à des objets archéologiques ou ethnographiques, autochtones ou importés, provenant de contextes urbains ou ruraux, objets artistiques, quotidiens ou rituels, compris comme des référents relationnels, des témoignages historiques, des symboles identitaires ou des supports mnémoniques. Enfin, une perspective transaméricaine on permettra de mettre en lumière les continuités et les discontinuités dans les dynamiques de relation et d’interaction entre les êtres humains et les matérialités à travers le continent.

 

Cet atelier est porté par : 

- Valeria Bellomia (Sapienza Università di Roma) : Docteure en histoire, anthropologie et religions (Sapienza, Université de Rome) et membre de la Mission Ethnologique Italienne au Mexique, elle est spécialiste de l'étude de la culture matérielle préhispanique mésoaméricaine exposée dans les musées contemporains. Elle a collaboré avec différents musées italiens et mexicains dans l'analyse d'instruments musicaux et de textiles archéologiques et ethnographiques. Elle a participé à des colloques internationaux sur l'anthropologie de la Mésoamérique, l'ethnomusicologie et la muséologie contemporaine. Elle est l'auteure de la monographie Ascoltare un osso umano. L’omichicahuaztli dalla Mesoamerica alla vetrina di un museo (en presse) et de plusieurs articles académiques.

- Federica Rainelli (Mondes Américains – EHESS) : Docteure en ethnologie et anthropologie sociale par l’Université de Padoue en cotutelle avec l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), membre du laboratoire Mondes Américains (UMR-8168) et de la Mission Ethnologique Italienne au Mexique. Depuis 2014 elle mène des recherches ethnographiques au Mexique, se consacrant notamment à l'étude de la vie rituelle et des visions du corps et du cosmos qui s'y expriment. Ses travaux concernent les représentations de la personne, les systèmes symboliques et l’iconographie rituelle ont été présentés dans nombreux colloques internationaux et publié dans des ouvrages collectifs et revues scientifiques.

 

Jeudi 23 septembre de 9h00 à 11h00

Centre de Colloques, salle 3

 

Interventions :

Mélanie Ferras (CeRAP – Sorbonne Université) – Du contexte de déposition archéologique au contexte d’utilisation : comprendre l’agentivité des instruments de musique dans les Andes centrales préhispaniques

Alexia Moretti (CeRAP – Sorbonne Université) – Entre mémoire et agentivité : la sculpture recuay ou l’ancètre au corps de pierre dans les Andes préhispaniques

Giulia Cantisani (Sapienza Università di Roma) – Hacer, moverse, pensar. Los objetos como mediadores en la ritualidad otomí de la Sierra Madre oriental (México)

Hend Jabeur (TransCrit – Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis) – Le cabinet de curiosités de Pierre Eugène du Simitière à Philadelphie au XVIIIe siècle : l’échange d’objets et de savoirs

Simon Fabre (IHEAL CREDA – Université Sorbonne Nouvelle) – L’automobile cubaine comme objet ouvert : dimensions techniques, économiques et patrimoniales

Jean Baptiste Thomas (CRLA-Archivos – École Polytechnique – Université de Poitiers) – Objets en révolte. Cocktails molotov, boulons et pavés dans les Amériques des années 1960 et 1970

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