Ateliers > Les mobilisations locales face aux dégradations écologiques dans les territoires urbains et péri-urbains des Amériques

A l’ère de l’anthropocène, l’Amérique, au Nord comme au Sud, est touchée par les impacts multiples de l’urbanisation de ses territoires. Ce phénomène concerne la qualité écologique d’espaces de plus en plus artificialisés et vulnérables aux effets du dérèglement climatique (Ordóñez &Duinker, 2015; Romero-Lankao et al., 2013; Stone et al., 2010) et il affecte les niveaux de biodiversité des milieux connexes d’agglomérations (Elmqvist et al., 2013; MacGregor-Fors & Escobar-Ibáñez, 2017). Si les politiques publiques n’ont pas de réponse uniforme et coordonnée à l’échelle continentale, les mobilisations citoyennes souhaitant agir aux échelons locaux ont tendance à se multiplier, en s’appuyant sur de nouveaux modes de gouvernance et renouvelant les formes de citoyenneté (Connolly et al., 2014; Krasny et al., 2014; Mitchell, 2006). La grande diversité des registres d’action va de l’action directe de restauration écologique, à l’éducation populaire, en passant par le plaidoyer et les mobilisations contre certains projets urbains polluants (Melé, 2012). Historiquement liés aux revendications pour l’égalité des droits civiques aux Etats-Unis, cesregistres peuvent jouer aujourd’huisurlesinjusticessocio-environnementales (Boyce et al., 2007; Hardoy & Pandiella, 2009) ou sur la résilience collective face à des changements ou des catastrophes environnementales (Sakai et al, 2018 ; Krasny et al, 2015). Selon les biotopes, les exemples sont nombreux et une littérature grandissante fait état d’exemples de communautés d’habitants investis dans la reforestation du tissu urbain à Baltimore, Seattle (Romolini et al., 2013), Toronto (Nichols, 2009). Á São Paulo, ces projets se 2/4 traduisent par la plantation de « Pocket Forests » 1 et on observe des actions collectives de réhabilitation des cours d’eau à Buenos Aires (Graziano et al., 2019) ou d’intendance des fronts de mer à New York (Enqvist et al., 2019). Dans les Amériques, comme au Canada ou dans les Andes, des actions en faveur d’une justice environnementale rejoignent également les revendications des droits de communautés autochtonessoumises à l’urbanisation, à l’installation d’infrastructures polluantes ou à l’accaparement de terres érigées en patrimoine commun (Kipfer, 2018; Schlosberg & Carruthers, 2010). L’enjeu de cet atelier sera de proposer une mise en regard d’actions citoyennes locales et environnementales à l’échelle transnationale des Amériques. Ces dynamiques socio-écologiques jouant à la fois sur les milieux biophysiques et sur les transformations sociales et territoriales. Bien que documentés d’abord par une littérature nord-américaine, à partir de cas étatsuniens et relevant de contextes socio-politiques et économiques distincts, ces modes d’action citoyennes semblent se disséminer également dans des territoires latino et sud-américains. Á partir de cas précis en milieux urbains ou péri-urbains, il s’agira de penser la circulation des répertoires d’action entre le Nord et le Sud du continent. Ainsi, dans quelles mesures les formes de mobilisation, les moyens d’action ou les sociologies diffèrent-ils d’une région à l’autre ? Ces mobilisations se font-elles toujours sur le mode du conflit ou intègrent-elles des formes d’action plus ordinaires ou même partenariales avec les autorités publiques ? En différenciant localement, l’étude de ces actions locales pourraient-elles être également révélatrice de disparités des capacités à se mobiliser pour l’environnement ? La discussion pourrait enfin porter sur l’hybridation entre les capabilités humaines et non-humaines pour améliorer des conditions de vie (liées à la biodiversité, aux éléments de paysage…) dans le cadre d’actions collectives. Les contributions à cet atelier pourront aborder ces questions aussi bien par l’approche des sciences humaines et sociales que par celle des sciences de l’environnement.

 

Jeudi 23 septembre de 9h00 à 11h00

Centre de Colloques, salle 5

 

Cet atelier est porté par :

- Nathalie Blanc (LADYSS – Université de Paris)

- Marianne Cohen (Sorbonne Université)

- Hugo Rochard (LADYSS – Université de Paris)

 

Interventions :

Anne Sourdril (LADYSS – Université Paris Nanterre) & Luc Barbaro (DYNAFOR – Institut National Polytechnique de Toulouse) – Écouter et faire entendre pour se mobiliser : les paysages sonores au service de la protection des écosystèmes dans une région minière en Arizona (États-Unis)

Elimar Pinheiro do Nascimento (Université de Brasilia) & Silvio Marques (Université Fédérale d’Amazonas) - Le rôle de l’Église Catholique dans le conflit sur la construction de la centrale hydroélectrique de Belo Monte, Para, Brésil.

Lorena Torres Bernardino (Triangle – ENS de Lyon) – Gouvernance de l’eau et les mobilisations sociales face aux infrastructures hydrauliques

Sofia Guevara Viquez (LATTS – École des Ponts ParisTech) – Territoire, risque et mobilisation. De l’environnement comme ressource face aux inondations urbaines à San José, Costa Rica

Hélène Gaillard (TIL – Université de Bourgogne Franche Comté) – Les mots-signes de John Fekner à New York : 50 ans de mobilisation contre la dégradation écologique et sociale de la ville

André Barreto de Sena (Sorbonne Université) – Recife, la mangrove engloutie par la ville: Le cas du projet Via Mangue

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