Cet atelier a pour objectif d’étudier les conceptions locales de la pacification et du maintien de l’ordre à travers l’analyse des acteurs armés et de leur intégration dans la vie quotidienne des villes, villages et quartiers. Qu’ils représentent l’État (police, armée), luttent pour ses intérêts (paramilitarisme, vigilantisme, etc.) ou contre ceux-ci (guérillas, « gangs », etc.), les acteurs armés ont un rôle dans la suppression des résistances et dans la construction d’un ordre social (Fassin, 2009 ; Agier et Lamotte, 2016). Nous chercherons à comprendre, à partir d’enquêtes de terrain, les parcours, les discours et les motivations de ces assassins anonymes, les formes d’acceptation locales des violences qu’ils exercent ou encore les stigmatisations qui les entourent et qui, le cas échéant, peuvent compliquer leur réintégration à la vie civile.
Quels sont les émotions, les principes de jugement, les normes et les arrangements avec celles- ci qui encadrent l’exercice et la légitimation du recours à la violence ? Autrement dit, comment une économie morale de la violence est-elle produite, circule-t-elle et est-elle utilisée (Karandinos & al., 2015) ? Comment les catégories de « coupable », de « bourreau », de « persécuteur », de « terroriste » et de « délinquant » se forgent-elles et évoluent-elles selon les conjonctures politiques et/ou la distance temporelle avec les actes de violence ? Quels sont leurs effets sur les conditions de réintégration des acteurs (dés) armés à la vie civile (Fowks 2017) ?
Cet atelier propose de compléter les études sur la violence armée et ses suites, essentiellement centrées sur les victimes et leur réparation, en portant le regard sur les protagonistes en armes et en appréhendant leurs positions et leurs interrelations ordinaires en dehors de tout sensationnalisme, avec pour ambition de rendre compte de leur épaisseur sociologique.
Session 1 :
Jeudi 23 septembre de 9h00 à 11h00
Centre de Colloques, salle 9
Session 2 :
Vendredi 24 septembre de 9h00 à 11h00
Centre de Colloques, salle 3
Cet atelier est porté par :
- Dorothée Delacroix (IHEAL CREDA – Université Sorbonne Nouvelle)
- Julie Lavielle (ISP – Université Paris Nanterre)
Interventions - Session 1 :
Vivian Paes (CESDIP – CNRS) – Confrontation et pacification : une sécurité à géométrie variable
Martin Lamotte (CITERES – CNRS) – Pacify. The Emergence, the Transformation, and the Decline of a Gang in New York City
Gauthier Alexandre Herrera (ELICO – Université Lyon Lumière) – Revenir après la guerre ou le rêve de rentrer dans « l’ordre » - Aperçu de la paix dans la représentation collective des membres des FARC-EP
Diego Sanchez (Triangle – Université Lyon Lumière) – Continuer dans la guérilla après la démobilisation ? Trajectoires des ex-combattants des guérillas du M-19 et des FARC-EP en Colombie et en Europe
Interventions - Session 2 :
Adèle Blazquez (CEMS – EHESS) – « Tuer pour conflit, je dis pas. Mais ceux qui tuent sans savoir pourquoi, ça non ! » Appréhension locale des actes de violence et rapports sociaux à Badiraguato (Sinaloa, Mexique)
Mónica Andrea Avella Herrera, Elsa Patricia Romero Cortés, Laetitia Braconnier Moreno & Silvia Juliana Cote Garcia (Université Paris Nanterre) – Femmes avant d’être combattantes : perceptions genrées de la violence dans des groupes armés ennemis en Colombie
Dorothée Delacroix (ISP – Université Paris Nanterre) & Julie Lavielle (IHEAL CREDA – Université Sorbonne Nouvelle) – À côté de lhommage aux victimes : acceptation et routinisation de la violence au quotidien
