Cette communication est le fruit d'une réflexion en cours portant sur le traitement de cet objet composite qu'est la « violence » au titre de problème public en Amérique latine. Je pars du constat suivant : à partir notamment des années 1990, certains pays de la région ont connu un foisonnement d'initiatives ponctuelles et d'interactions à toutes échelles en réponse à une multiplicité de situations de violence caractérisées par leur ampleur et leur persistance. La violence – en particulier la violence homicide – est ensuite devenue un problème public régional multidimensionnel, à la causalité multiple et aux dynamiques changeantes.
Or, comment rendre compte d'un tel processus de mise en visibilité et d'inscription à l'agenda étalé sur quatre décennies sur une région aussi vaste ? Ici, je propose de mettre la focale sur ce qui me semble être l'un de ses axes fédérateurs, à savoir le travail de promotion de ce problème social effectué par un ensemble de médecins épidémiologistes particulièrement engagés. Je fais l'hypothèse qu'en se situant à la croisée des milieux scientifiques, associatifs et politiques, des échelles d'intervention (locale, nationale et internationale), mais aussi des terrains de réflexion et de conception et mise en oeuvre des dispositifs ad hoc (politiques, programmes, projets), ce travail a contribué à revêtir l'objet « violence » du sens de l'intérêt général et à le rendre susceptible d'une certaine forme de traitement empirique.